R
I M B A U D
TRE
SONETTI
traduzione:
Angiolo Bandinelli
(con
suggerimenti di Piero Welby)
Ð
Il
dormiente nella valle
E’
un verde squarcio, dove un ruscello canta
follemente
intrecciando all'erba argentei
sbrendoli;
dove il sole giù dal fiero monte
riluce,
e la valletta tutta ne sbarbaglia.
Un
soldatino - bocca aperta e testa nuda,
la
nuca fradicia - nel crescione fresco e blù
pallido
dorme, steso sotto la nuvola,
sul
letto verde d’una luce che vien giù.
I
piedi fra i giaggioli, dorme. Sorridente
nel
sonno - un sorridente bimbo infermo:
Natura,
cullalo tu, scaldalo: trema.
Le
sue narici non fremono ai profumi. Dorme
quïeto
al sole, la mano sopra il petto:
rossi,
due squarci sotto il fianco destro...
Ï
Al
Cabaret-Vert
Alle
cinque di sera
Dopo
otto giorni, le scarpe logorate
per
strade e sassi, giunsi a Charleroi.
Al
Cabaret-Vert chiesi pane, burro
e
prosciutto - non proprio freddo freddo.
Rilassato,
le gambe sotto il tavolo
verde,
rimirando i soggetti assai naif
della
tappezzeria. E che soddisfazione
quando
allegra, gran tette ed occhi accesi
-
un bacio lei non l’avrebbe sconvolta -
la
ragazza arrivò, tartine e burro
sopra
un piatto bordò, con il prosciutto
tiepido,
roseo, bianco ed un che d'aglio,
e
riempì un gran boccale, con la ricca
schiuma
che un tardivo sole indorò.
Ï
Venere Anadiomene
Come da una bara di
putrido zinco, una testa
di donna - i capelli scuri
impomatati - emerge
lenta e stupida da una
vecchia bagnarola,
con certi sbreghi assai
mal rappezzati;
poi, il collo grasso e
grigio, due scapole puntute,
tozza la schiena a fosse e
montarozzi,
reni rigonfi e propensi a
strabordare,
il lardo sottopelle in
molli strati;
la schiena a chiazze rosse
- tutto un lezzo
alquanto repellente - e
l’occhio nota
stranezze che una lente ci
vorrebbe, a scrutare…
Sui reni, incise a motto:
Clara Venus;
- e il corpaccione s’alza e protende un deretano
oscenamente bello
d’un’ulcera sull’ano.
ÏÏ
Ï
Le
dormeur du val
C’est
un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant
follement aux herbes des haillons
D’argent ;
où le soleil, de la montagne fière,
Luit:
c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un
soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et
la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ;
il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pale
dans son lit vert où la lumière pleut.
Les
pieds dans les glaîeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait
un enfant malade, il fait un somme :
Nature,
berce-le chaudement : il a froid.
Les
parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il
dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille.
Il a deux trous rouges au côté droit.
Octobre
70
Ï
Au Cabaret-Vert
Cinq heures du soir
Depuis huit
jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux
des chemins. J’entrai a Charleroi.
-
Au Cabaret-vert: je demandai des tartines
De
beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux,
j’allongeai les jambes sous la table
Verte:
je contemplai les sujets très naïfs
De
la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand
la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- celle-là,
ce n’est pas un baiser qui l’épeure! -
Rieuse,
m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon
tiède, dans un plat colorié,
Du jambon
rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, - et
m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un
rayon de soleil arrieré.
Ï
Venus Anadyomene
Comme d’un
cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à
cheveux bruns fortement pommadés
D’une
vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des
déficits assez mal ravaudés ;
Puis le col
gras et gris, les larges omoplates
Qui
saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort;
Puis les
rondeurs des reins semblent prendre l’essor ;
La graisse
sous la peau paraît en feuilles plates ;
L’échine
est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement ; on remarque surtout
Des
singularités qu’il faut voir à la loupe...
Les
reins portent deux mots gravés : Clara
Venus ;
- et tout ce
corps remue et tend sa large croupe
belle
hideusement d’un ulcère à l’anus.
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