domenica 24 giugno 2012





R I M B A U D

TRE SONETTI

traduzione: Angiolo Bandinelli
(con suggerimenti di Piero Welby)


Ð





Il dormiente nella valle


E’ un verde squarcio, dove un ruscello canta
follemente intrecciando all'erba argentei
sbrendoli; dove il sole giù dal fiero monte
riluce, e la valletta tutta ne sbarbaglia.

Un soldatino - bocca aperta e testa nuda,
la nuca fradicia - nel crescione fresco e blù
pallido dorme, steso sotto la nuvola,
sul letto verde d’una luce che vien giù.

I piedi fra i giaggioli, dorme. Sorridente
nel sonno - un sorridente bimbo infermo:
Natura, cullalo tu, scaldalo: trema.

Le sue narici non fremono ai profumi. Dorme
quïeto al sole, la mano sopra il petto:
rossi, due squarci sotto il fianco destro...

Ï

Al Cabaret-Vert
Alle cinque di sera

Dopo otto giorni, le scarpe logorate
per strade e sassi, giunsi a Charleroi.
Al Cabaret-Vert chiesi pane, burro
e prosciutto - non proprio freddo freddo.

Rilassato, le gambe sotto il tavolo
verde, rimirando i soggetti assai naif
della tappezzeria. E che soddisfazione
quando allegra, gran tette ed occhi accesi

- un bacio lei non l’avrebbe sconvolta -
la ragazza arrivò, tartine e burro
sopra un piatto bordò, con il prosciutto

tiepido, roseo, bianco ed un che d'aglio,
e riempì un gran boccale, con la ricca
schiuma che un tardivo sole indorò.

Ï

Venere Anadiomene


Come da una bara di putrido zinco, una testa
di donna - i capelli scuri impomatati - emerge
lenta e stupida da una vecchia bagnarola,
con certi sbreghi assai mal rappezzati;

poi, il collo grasso e grigio, due scapole puntute,
tozza la schiena a fosse e montarozzi,
reni rigonfi e propensi a strabordare,
il lardo sottopelle in molli strati;

la schiena a chiazze rosse - tutto un lezzo
alquanto repellente - e l’occhio nota
stranezze che una lente ci vorrebbe, a scrutare…

Sui reni, incise a motto: Clara Venus;
- e il corpaccione s’alza e protende un deretano
oscenamente bello d’un’ulcera sull’ano.



ÏÏ
Ï



Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pale dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaîeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Octobre 70

Ï


Au Cabaret-Vert

Cinq heures du soir


Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrai a Charleroi.
- Au Cabaret-vert: je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte: je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

- celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure! -
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, - et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arrieré.


Ï


Venus Anadyomene


Comme d’un cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l’essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;

L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût

Horrible étrangement ; on remarque surtout

Des singularités qu’il faut voir à la loupe...

Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;
- et tout ce corps remue et tend sa large croupe
belle hideusement d’un ulcère à l’anus.

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